Vos portefeuilles en bref
À la fin du dernier mois, nous avons détecté une série d’anomalies sur les marchés qui a déclenché un resserrement automatique dans notre système de gestion du risque. Les limites prédéfinies ayant été dépassées, le système a procédé à une liquidation complète de nos expositions directionnelles, privilégiant temporairement une allocation en liquidités.
Ce positionnement tactique a permis :
• d’éviter le choc de volatilité lié au recalibrage des attentes de taux,
• de préserver le capital dans un contexte où le pricing du risque se repositionnait,
• de générer une performance positive mois à date, malgré un environnement de marché défavorable.
Nous considérons que le portefeuille se situe désormais « en dehors de la tempête », c’est-à-dire dans une phase où les risques systémiques immédiats se sont matérialisés et ont été absorbés par les marchés.
Macroéconomie : la révision des probabilités de baisse de taux
Les récents mouvements de marché ont été intégralement dominés par un phénomène : la décompression rapide des anticipations de coupure de taux par la Federal Reserve.
Les courbes OIS ont intégré :
• moins de baisses,
• des baisses plus tardives,
• un risque accru de maintien prolongé du taux terminal.
Ce repricing s’est produit suite à :
• des données inflationnistes plus rigides,
• un discours plus restrictif de certains gouverneurs,
• l’interruption de la publication de données économiques clés en raison du shutdown.
Cette combinaison a entraîné :
• un élargissement des primes de risque,
• une hausse de la volatilité implicite,
• une baisse des actifs à duration élevée,
• une rotation défensive intra-sectorielle.
Le manque de données : un frein direct aux baisses de taux
Le shutdown a créé une situation macroéconomique atypique : la Fed est contrainte de prendre des décisions dans un environnement statistique incomplet.
Pendant plusieurs semaines :
• les rapports NFP, CPI, PCE, Retail Sales et GDP ont été retardés ou gelés,
• les séries temporelles utilisées dans les modèles de la Fed (FRB/US, DSGE, nowcasts) sont devenues moins fiables,
• l’incertitude sur les conditions réelles du marché du travail et de l’inflation a augmenté.
En conséquence, la Fed ne peut pas justifier un assouplissement :
• sans confirmation que l’inflation converge vers 2 %,
• sans visibilité sur la dynamique du marché de l’emploi,
• sans données permettant de calibrer correctement la politique de taux.
Un environnement « data-light » rend toute coupure de taux extrêmement improbable à court terme. Ce constat explique la correction violente observée au moment du repricing.
Impact sectoriel du shutdown:
1. Entreprises exposées aux dépenses fédérales
Défense, aérospatiale, infrastructures publiques, consultants gouvernementaux.
• Risque : retards contractuels, décalage dans les déboursements, guidance suspendue.
2. Consommation discrétionnaire
La chute de la confiance des ménages pèse sur la demande finale.
• Risque : réduction des dépenses, hausse de la volatilité des revenus.
3. Actions de croissance à duration longue
Fortement sensibles à la trajectoire des taux.
• Risque : compression des multiples si les baisses de taux s’éloignent.
4. Immobilier et FPI (REITs)
Perte d’attrait relative tant que les taux courts restent élevés.
• Risque : refinancement plus coûteux.
Conclusion
Les marchés semblent avoir absorbé une partie du choc lié au recalibrage massif des anticipations de taux, mais la visibilité demeure insuffisante pour justifier un repositionnement directionnel majeur tant que les données économiques n’auront pas retrouvé leur cadence normale.
Notre allocation demeure volontairement prudente, flexible et opportuniste, avec un accent prioritaire sur la préservation du capital et la capacité de nous réengager rapidement lorsque le cadre macroéconomique et statistique redeviendra plus lisible.
________________________________________
Les marches en bref
Lundi
• Dow Jones : +0,81 % à 47 368,63
• S&P 500 : +1,54 % à 6 832,43
• Nasdaq : +2,27 % à 23 527,17
• S&P/TSX : +1,35 % à 30 316,63
________________________________________
Dollar canadien
• CAD/USD : 0,7133 $ US
________________________________________
Analyse macroéconomique
• États-Unis : le cheminement au Sénat vers une issue au shutdown a réduit l’incertitude politique et soutenu la prise de risque, avec une traction marquée des titres technologiques à très grande capitalisation. Les publications CPI/PPI demeurent retardées, ce qui oblige la Fed à opérer avec une visibilité partielle et augmente la sensibilité du marché aux prochains signaux de politique monétaire.
• Taux et actifs réels : légère tension sur le 10 ans américain ; or en appui au-dessus de 4 100 $ US/oz ; pétrole WTI autour de 60,13 $ US en clôture.
• Canada : le TSX s’est distingué via les Matériaux (métaux précieux) tandis que le huard a suivi la dynamique des commodités et l’amélioration du contexte politique américain.
________________________________________
Les titres en bref
• Nvidia (NVDA) : +6 % — reprise soutenue après la correction de la semaine passée ; la thèse IA demeure le principal moteur de revenus et de marges.
• Alphabet (GOOGL) : +4,0 % — réévaluation positive des méga-caps de croissance avec un levier Publicité/Nuage toujours robuste.
• Microsoft (MSFT) : +1,9 % — fin d’une séquence de baisse ; Azure et les charges liées à l’IA restent au cœur de la trajectoire de croissance.
• Tesla (TSLA) : > +3 % — amélioration de l’appétit pour les actifs de croissance ; lecture stratégique au-delà de l’automobile.
• Eli Lilly (LLY) : +2,8 % — enchaînement de nouvelles favorables (entente en thérapie génique ; cadre de prix « TrumpRX » sur les GLP-1) qui renforce la visibilité des flux.
• Paramount Skydance (PSKY) : +6 % après-Bourse — cibles d’économies relevées à 3 G$, Paramount+ en voie de rentabilité et hausse de prix annoncée en 2026.
• Transport aérien (DAL, UAL, AAL) : mixte à négatif — contraintes opérationnelles (annulations, capacités réduites) malgré la perspective de fin du blocage budgétaire.
________________________________________
Performance sectorielle
• États-Unis (S&P 500) : Technologie de l’information en tête ; Consommation discrétionnaire en appui ; Énergie légèrement positive ; Industries/Transport freinés par les enjeux opérationnels.
• Canada (S&P/TSX) : Matériaux dominants (or/argent porteurs) ; Technologie constructive ; Énergie stable à modérément haussière.
________________________________________
Mardi
• Dow Jones : +1,18 % à 47 927,96 (nouveau sommet)
• S&P 500 : +0,21 % à 6 846,61
• Nasdaq : −0,25 % à 23 468,30
• S&P/TSX : +0,31 % à 30 409,25
________________________________________
Dollar canadien
• Taux de change : 0,713 7 dollar américain pour 1 dollar canadien
________________________________________
Analyse macroéconomique
• États-Unis : le Sénat américain a adopté un projet de loi pour rouvrir le gouvernement ; le dossier passe maintenant à la Chambre des représentants. Cette clarification politique a déclenché une rotation vers les titres mieux évalués, ce qui a propulsé l’indice Dow Jones à un record malgré un repli modéré de l’indice Nasdaq Composite lié aux prises de bénéfices dans la technologie.
• Marché du travail : l’outil d’Automatic Data Processing (ADP) sur quatre semaines pointe vers une création d’emplois privés plus faible en fin d’octobre, signalant un refroidissement graduel.
• Obligations : marché fermé pour le Jour des anciens combattants aux États-Unis ; la sensibilité reste élevée aux prochains indicateurs officiels dès la réouverture complète de l’appareil gouvernemental.
• Matières premières : pétrole brut West Texas Intermediate autour de 61,04 $ US (hausse en séance) ; or vers 4 116 $ US l’once (léger recul).
________________________________________
Les titres en bref
• CoreWeave : −16 % — prévisions annuelles inférieures aux attentes et contraintes d’approvisionnement pour les centres de données ; l’ensemble du thème « infrastructures d’intelligence artificielle » en subit le contrecoup.
• Nvidia : environ −3 % — pression vendeuse après l’annonce de la vente intégrale de la participation par SoftBank (environ 5,8 milliards de dollars américains) et prises de profits sur la chaîne des semi-conducteurs liés à l’intelligence artificielle.
• Micron Technology : environ −5 % — baisse par sympathie dans les mémoires et composants.
• Oracle : environ −2 % ; Palantir Technologies : un peu plus de −1 % — consolidation du thème intelligence artificielle en dehors des très grandes capitalisations.
• Advanced Micro Devices : environ +9 % en séance — la direction cible environ 35 % de croissance annuelle moyenne sur trois à cinq ans, portée par les puces d’intelligence artificielle pour centres de données.
• Paramount Skydance : environ +10 % — objectif d’économies accru, hausse de prix annoncée pour Paramount+ en 2026 et trajectoire de 30 milliards de dollars américains de revenus visés pour 2026.
• FedEx : +5.45%—message constructif du chef des finances sur les bénéfices du trimestre en cours ; United Parcel Service a suivi à la hausse (+2,12 %).
• Rocket Lab : environ +4 % en matinée — résultats supérieurs aux attentes et prévisions du quatrième trimestre relevées.
• Maplebear (Instacart) : environ +6 % — rehausse d’analyste et traction du cœur d’activité épicerie.
• eToro Group : environ +10 % — passage à une recommandation d’achat sur la base de la valorisation et des fondamentaux.
• Fermi : −11 % — pertes trimestrielles plus lourdes que prévu ; prudence sur l’exécution.
________________________________________
Performance sectorielle
• États-Unis (indice S&P 500) : technologie de l’information en baisse (seul secteur négatif), surtout les semi-conducteurs et logiciels liés à l’intelligence artificielle ; soins de santé en tête avec des flux vers les grandes pharmaceutiques (Merck, Amgen, Johnson & Johnson) ; industries et biens de consommation de base positifs ; énergie soutenue par la remontée du pétrole.
• Canada (indice composé S&P/TSX de Toronto) : biais favorable aux matériaux (métaux précieux) et à l’énergie ; technologie plus partagée, à l’image de la dynamique américaine.
________________________________________
Mercredi
• Dow Jones : +0,68 % à 48 254,82 (nouveau sommet)
• S&P 500 : +0,06 % à 6 850,92
• Nasdaq : −0,26 % à 23 406,46
• S&P/TSX de Toronto : +1,38 % à 30 827,58
________________________________________
Dollar canadien
• Taux de change : 0,714 0 dollar américain pour 1 dollar canadien
________________________________________
Analyse macroéconomique
• États-Unis : la progression du projet de loi pour rouvrir le gouvernement soutient une rotation vers des secteurs plus « traditionnels » (banques, santé, industriels), ce qui a porté l’indice Dow Jones à un nouveau sommet tandis que l’indice Nasdaq a reculé sous l’effet de prises de bénéfices en technologie.
• Données officielles : la Maison-Blanche anticipe que les statistiques d’indice des prix à la consommation et d’emploi d’octobre ne seront probablement jamais publiées en raison de l’arrêt des activités gouvernementales, ce qui maintient une visibilité réduite pour la Réserve fédérale américaine.
• Obligations : le rendement des bons du Trésor américain à 10 ans s’est détendu vers 4,07 %, traduisant l’attente d’une conjoncture un peu plus molle et l’éventualité d’un assouplissement supplémentaire de la politique monétaire à court terme.
• Matières premières : le pétrole brut West Texas Intermediate a reculé autour de 58,49 $ US le baril ; l’or a progressé vers 4 213,60 $ US l’once, appuyé par la baisse des rendements.
________________________________________
Les titres en bref
• Advanced Micro Devices (AMD) : +9,00 % — la direction vise une hausse d’environ 60 % des revenus des centres de données sur 3 à 5 ans ; l’argument de croissance dans les puces d’intelligence artificielle demeure porteur.
• Cisco Systems : +3,14 % — soutien avant la publication des résultats trimestriels après la clôture.
• UnitedHealth Group : +3.55%—moteur du Dow Jones au sein des soins de santé, dans un contexte de rotation vers des valeurs défensives de qualité.
• Goldman Sachs, JPMorgan Chase, American Express : en hausse — nouveaux sommets en séance pour plusieurs institutions financières, reflétant l’optimisme lié à la réouverture de l’État fédéral et à la normalisation des données économiques.
• Caterpillar : en hausse — sensibilité positive au cycle et aux dépenses d’infrastructures, bénéficiaire de la thèse de réaccélération industrielle.
• On Holding (ON Running) : +17.99%—révision à la hausse des perspectives (troisième d’affilée) et stratégie sans promotions pour le Vendredi fou, signal de prix et de marge solides.
________________________________________
Performance sectorielle
• États-Unis (indice S&P 500) : financières et soins de santé en tête (rotation hors mégacapitalisations technologiques) ; technologie de l’information en baisse (semi-conducteurs et logiciels liés à l’IA sous pression) ; industries positifs ; énergie en retrait avec le recul du brut.
• Canada (indice composé S&P/TSX de Toronto) : métaux de base et matériaux en leadership ; énergie mitigée ; technologie plus partagée, à l’image de New York.
________________________________________
Jeudi
• Dow : -1,65 % à 47 457,22
• S&P 500 : -1,66 % à 6 737,49
• Nasdaq : -2,29 % à 22 870,36
• Indice composé S&P/TSX (Toronto) : -1,86 % à 30 253,64 (-573,94 points)
________________________________________
Dollar canadien
• Dollar canadien : 0,7134 $ US en fin de séance, en recul par rapport à la veille, dans un contexte de fuite vers le dollar américain et de remontée des rendements obligataires américains.
________________________________________
Analyse macroéconomique
La séance de jeudi a pris la forme d’un recalibrage brutal du “trade IA”. Les investisseurs ont coupé leur exposition aux grandes capitalisations technologiques après plusieurs semaines de surperformance, ce qui a généré une séance de prise de profit synchronisée sur l’ensemble du complexe techno. Les principaux indices américains ont ainsi enregistré leur plus fort repli depuis le 10 octobre, avec une sous-performance marquée du Nasdaq.
Le narratif de marché se déplace désormais de l’enthousiasme sur les dépenses d’investissement en intelligence artificielle vers une question plus fondamentale : le retour sur capital. Plusieurs acteurs commencent à douter que les dizaines, voire centaines de milliards de dollars engagés dans l’IA générative se traduisent à court terme en flux de trésorerie à la hauteur des attentes. Cette remise en question a affecté directement les champions de l’IA – notamment Nvidia, Broadcom et Tesla – qui figurent parmi les plus fortes baisses de la séance.
En parallèle, le volet taux a joué un rôle clé dans le désengagement. Après une série de commentaires plus prudents de décideurs de la Fed, les marchés ont revu à la baisse la probabilité d’une nouvelle baisse du taux directeur en décembre. On est passé d’un scénario quasi acquis à une situation beaucoup plus binaire, avec une probabilité d’environ 50/50 intégrée dans les contrats à terme. Ce repositionnement s’est traduit par une hausse du rendement du Trésor américain à 10 ans, autour de 4,12 % contre 4,07 % la veille, ce qui exerce une pression mécanique sur les multiples des titres de croissance.
Sur le plan politique, la fin du plus long “shutdown” de l’histoire américaine (43 jours) est désormais intégrée dans les prix. Le projet de loi de financement adopté au Congrès et signé par la Maison-Blanche prolonge le budget jusqu’à la fin janvier. L’événement, qui a soutenu les marchés en début de semaine, est maintenant considéré comme un classique « acheter la rumeur, vendre la nouvelle ». Les investisseurs restent toutefois inconfortables devant le black-out statistique : plusieurs indicateurs clés d’octobre (emploi, inflation) ne seront probablement jamais publiés, ce qui complique la lecture conjoncturelle de la Fed et réduit la visibilité sur la trajectoire des taux.
Au Canada, le TSX a décroché de plus de 570 points, pénalisé par le repli des valeurs technologiques dans le sillage de Wall Street. Le dollar canadien est resté sous pression, autour de 71,34 ¢ US, reflétant à la fois la force relative du billet vert et un appétit pour le risque en recul. La dynamique reste donc défensive pour les actifs canadiens sensibles au cycle mondial, même si les secteurs plus défensifs du TSX amortissent partiellement le choc.
________________________________________
Les titres en bref
• Disney (DIS) : -7,75 % — le titre a été lourdement sanctionné après des résultats trimestriels jugés mitigés : bénéfice par action au-dessus des attentes, mais revenus légèrement inférieurs au consensus. La croissance du segment en continu n’a pas suffi à compenser la faiblesse de la télévision traditionnelle et la performance en demi-teinte des studios, ce qui alimente un narratif de transformation plus long que prévu. (Yahoo Finance)
• Cisco (CSCO) : +4,62 % — l’un des rares grands gagnants de la séance. Le groupe de réseautique a publié un trimestre supérieur aux attentes et a relevé ses perspectives annuelles, en mettant de l’avant une accélération de la demande liée aux réseaux pour l’IA et de gros contrats avec les géants du cloud. Le marché y voit une validation du positionnement de Cisco comme fournisseur d’infrastructures critiques derrière le cycle IA.
• Tesla (TSLA) : -6,64 % — plus forte baisse depuis plusieurs mois, ramenant le titre en territoire négatif depuis le début de l’année. Au-delà du contexte de vente généralisée sur la techno, Tesla traîne un cumul de nouvelles défavorables : départs de gestionnaires clés, rappel de produits liés à son activité énergie résidentielle et recul des ventes de véhicules fabriqués en Chine. Le titre devient l’un des maillons faibles des « Sept Magnifiques ».
• Nvidia (NVDA) : -3,58 % — la correction s’inscrit dans une phase de digestion après un parcours exceptionnel. Les investisseurs revoient leurs attentes sur la capacité du groupe à maintenir son rythme de croissance actuel alors que la concurrence s’intensifie et que certains clients commencent à rationaliser leurs budgets d’IA.
• Alphabet (GOOGL) : -2,89 % — repli aligné sur la rotation hors des mégacapitalisations technologiques. Le titre, qui avait fortement profité de l’engouement pour l’IA et la publicité en ligne, subit un simple “reset” de multiples dans un environnement où les investisseurs privilégient temporairement des secteurs plus défensifs.
________________________________________
Performance sectorielle
États-Unis (S&P 500)
Le pattern sectoriel de la séance reflète clairement une rotation hors techno :
• Technologies de l’information et services de communication ont mené les baisses, tirés vers le bas par les grands noms de l’IA et du divertissement (Nvidia, Tesla, Alphabet, Disney).
• Les segments plus défensifs, comme la santé et certaines poches de consommation de base, ont mieux résisté, les flux se redéployant vers des modèles d’affaires perçus comme plus résilients en fin de cycle.
• Les secteurs sensibles aux taux, notamment certaines financières et les utilities, ont subi la pression de la hausse des rendements, même si le mouvement est resté plus contenu que sur la techno.
Canada (S&P/TSX)
Sur le TSX, la photographie sectorielle est cohérente avec le mouvement américain :
• Les technologies de l’information ont amplifié la baisse de l’indice, sous l’effet de la contagion en provenance du Nasdaq.
• Les matériaux et certains producteurs d’or ont offert un certain coussin, mais pas suffisant pour neutraliser l’impact de la correction sur les titres de croissance.
• L’énergie a évolué en mode plus défensif, dans un contexte où les investisseurs restent partagés entre craintes de ralentissement et discipline de l’offre.
________________________________________
Disney : revenus sous le consensus, mais le virage streaming et les parcs tiennent la barre
Disney a livré un trimestre à deux vitesses, avec un bénéfice par action ajusté supérieur aux attentes et des revenus légèrement inférieurs au consensus. Le marché a réagi négativement, surtout en raison d’un box-office inégal et de l’érosion de la télévision traditionnelle. Sur le plan opérationnel, la réallocation vers la diffusion en continu et l’expérience client dans les parcs et les croisières demeure créatrice de valeur et clarifie la trajectoire.
Dans les médias, la pression persiste sur la télévision linéaire, la publicité recule et la distribution demeure chahutée. Le portefeuille cinéma n’a pas réussi à compenser cette faiblesse. À l’inverse, la diffusion en continu gagne en puissance. Les hausses de prix, l’intégration de Hulu dans l’application Disney+, la montée de l’application ESPN et une meilleure discipline de coûts se traduisent par une hausse du bénéfice d’exploitation. Disney+ ajoute 3,8 millions d’abonnés pour atteindre 131,6 millions. La direction cessera de publier le nombre d’abonnés, ce qui traduit un pivot vers la rentabilité et la valeur par client.
Le segment « Expériences » reste le stabilisateur du modèle d’affaires. Les parcs et les croisières affichent une progression des revenus et des marges. Les réservations augmentent, la dépense par visiteur grimpe et la flotte de croisières s’agrandit tout en se remplissant rapidement. L’ajout de capacité, avec Disney Destiny et Disney Adventure en Asie, constitue un levier de monétisation tangible, moins sensible aux cycles des sorties de films.
Sur le capital, le message est pro-actionnaires. La direction prévoit augmenter le dividende, doubler le programme de rachats pour 2026 et porter le budget de contenu à 24 milliards de dollars américains. Le pipeline annoncé pour 2026, avec Zootopia 2, Toy Story 5, la version en prises de vues réelles de Vaiana et Avatar : De feu et de cendres, vise à relancer la performance au cinéma et à nourrir l’écosystème de diffusion en continu.
________________________________________
Vendredi
• Dow Jones : environ -0,9 % (repli d’un peu plus de 400 points)
• S&P 500 : autour de -0,4 %
• Nasdaq Composite : près de -0,3 %
• S&P/TSX (Toronto) : en baisse, la Bourse de Toronto poursuit la chute amorcée jeudi, toujours entraînée par les valeurs technologiques
________________________________________
Dollar canadien
• Dollar canadien : autour de 0,71 $ US (≈ 71 ¢ US), encore sous pression face au billet vert.
Le huard reste pris dans un environnement où le dollar américain sert de refuge : on combine aversion au risque et incertitude sur le prochain mouvement de taux de la Fed, ce qui maintient la devise canadienne dans le bas de sa fourchette récente.
________________________________________
Analyse macroéconomique
La séance de vendredi s’inscrit dans un prolongement logique de la dégringolade de jeudi : le marché fait un véritable “stress test” sur le thème IA et sur les attentes de baisse de taux en décembre.
________________________________________
Les titres en bref
• Nvidia (NVDA) : en baisse d’environ 2 %
Le champion des puces IA continue de corriger après un parcours fulgurant. Les investisseurs testent jusqu’où ils peuvent faire reculer le titre avant que les acheteurs de long terme ne reviennent. La question centrale : la cadence de croissance peut-elle vraiment suivre le niveau de capex engagé par l’écosystème?
• Tesla (TSLA) : repli de plus de 2 %
Le titre reste pris entre la rotation hors techno et ses propres enjeux (marges, concurrence, gouvernance). Dans un marché qui coupe l’exposition aux positions les plus “crowdées”, Tesla fait partie des noms privilégiés pour réduire le risque.
• Alphabet (GOOGL) : recul autour de 1–1,5 %
Alphabet illustre bien le mouvement de réduction de multiples sur les mégacaps : le modèle d’affaires demeure solide, mais la prime payée pour la croissance liée à l’IA et à la publicité en ligne est en train d’être recalibrée.
• Cidara Therapeutics (CDTX) : envolée de plus de 100 %
Le titre explose après l’annonce de son rachat par Merck pour environ 9,2 G$ US. On a ici un classique scénario de prime de contrôle importante dans la biotech, où le prix de l’offre propulse immédiatement le titre vers un nouveau plateau.
• Merck (MRK) : légère baisse
L’acheteur recule un peu, ce qui est typique lorsqu’une grande pharmaceutique met la main sur une cible spécialisée : le marché intègre le coût de l’opération et les risques d’intégration, même si la logique stratégique est perçue comme favorable à moyen terme.
• StubHub (STUB) : chute d’environ -23 %
Le groupe de revente de billets est sévèrement sanctionné après avoir refusé de fournir des prévisions pour le trimestre en cours. Dans un environnement de volatilité accrue, l’absence de guidage est un drapeau rouge pour les investisseurs, d’autant plus pour une société récemment entrée en Bourse.
• Walmart (WMT) : baisse de l’ordre de -1,5 % à -3 %
Le détaillant recule après l’annonce du départ à la retraite de son PDG l’an prochain. Même si la succession est planifiée, ce type de nouvelle pousse souvent les investisseurs à adopter une posture plus prudente en attendant les prochains résultats pour valider la continuité stratégique.
• Bitcoin : repli de 3–4 %, sous la barre des 100 000 $ US
L’actif numérique prolonge sa série de séances négatives. Dans un contexte de réévaluation du risque autour de l’IA et de l’orientation des taux, les classes d’actifs les plus spéculatives servent de variable d’ajustement.
________________________________________
Conclusion
En rétrospective, la semaine boursière aura été dominée par un double mouvement de fond : la remise en question des valorisations dans l’axe IA/technologie et le réajustement des attentes à l’égard de la Fed. Le début de semaine avait encore l’allure d’un marché porté par le narratif de la fin du “shutdown” et de nouveaux sommets sur certains indices, mais la suite a rapidement ramené les investisseurs à l’essentiel : le prix payé pour la croissance future et la réalité du chemin des taux. La séquence de deux séances de correction, menée par les mégacapitalisations technologiques, s’inscrit clairement dans un exercice de “repricing” après plusieurs mois de flux massifs vers le thème IA.
Sur le plan des taux, le message envoyé par la Fed est venu casser l’illusion d’un scénario de baisse automatique en décembre. Le marché est passé d’une quasi-certitude à une probabilité beaucoup plus partagée, ce qui a un impact direct sur les multiples de valorisation des titres de croissance et sur l’appétit pour le risque en général. Combiné au trou de données économiques causé par le long blocage budgétaire, cela crée un environnement où la visibilité est plus limitée et où les ajustements de prix peuvent être brusques, comme on l’a constaté cette semaine sur Wall Street et à Toronto.
La volatilité observée cette semaine est typique d’un stress-test de milieu de cycle : inconfortable à court terme, mais potentiellement créateur de points d’entrée intéressants sur des dossiers de qualité.
En conclusion, la semaine aura rappelé que les marchés ne montent pas en ligne droite, même dans un contexte de thèmes porteurs comme l’IA. Notre posture demeure la même : gestion rigoureuse du risque, horizon d’investissement long terme et réallocation opportuniste lorsque le bruit de marché crée des écarts entre le prix et la valeur intrinsèque. C’est dans ce type de séquence que la différence entre spéculation et gestion professionnelle de portefeuille se matérialise le plus clairement.

