L’été en bref

L’été ne fut pas de tout repos pour les marchés boursiers. Après un début d’année difficile, les problèmes géopolitiques et économiques ont laissé place à un rallye estival grandement attendu. Cette hausse s’est manifestée à la suite de meilleurs résultats trimestriels des grandes compagnies américaines et européennes, démontrant ainsi une demande toujours aussi robuste malgré la hausse des prix. Il ne faut pas passer sous silence le fait d’une baisse dans le volume de transaction au cours de la période estivale.

Depuis la mi-juin, le S&P 500 a accumulé des gains de 17 % alors qu’il était entré en territoire baissier auparavant (bear market). Plusieurs compagnies qui le composent ont connu une bonne saison trimestrielle permettant aux investisseurs d’investir dans les titres à rabais. La combinaison de bons résultats trimestriels ainsi qu’une fermeture de positions à découvert à court terme (short covering) ont créé un environnement propice à ce rallye. Toutefois, l’indice, qui avait atteint son sommet le 18 août, avait reculé de 7,8 % en date du 2 septembre. Selon de nombreux analystes, c’était prévisible alors qu’à ce moment le S&P 500 était « suracheté » et un repli était nécessaire pour corriger cette situation.

Le NASDAQ a également connu un bel été. La hausse des titres provenant du secteur de la technologie lui a permis d’enregistrer des gains de plus de 23 % de la mi-juin jusqu’au milieu du mois d’août.

Le NASDAQ a été propulsé par la hausse des titres du secteur de la technologie qui avaient enregistré baisse après baisse depuis le début de l’année. Par exemple, l’action d’Apple est en hausse de 27 % alors qu’Amazon a gagné 36 % durant la période estivale.

Apple, avec sa capitalisation boursière de 2,75 billions de dollars, compose 7,4 % du S&P 500, soit la pondération la plus élevée de toutes les actions depuis des décennies. L’action a ainsi une valeur plus grande que les secteurs de l’énergie et des matériaux combinés, et presque aussi importante que la pondération de 7,9 % du secteur de l’industrie dans l’indice du NASDAQ.

Ce rallye estival s’est estompé vers le milieu du mois d’août alors que plusieurs estiment que l’argent facile avait été gagné. En effet, le NASDAQ, en date du début du mois de septembre, est en baisse de 24 % depuis janvier, et ce, malgré les gains accumulés cet été. La poussée observée dans le secteur de la technologie, alors que plusieurs ont acheté les titres à « rabais », pourrait être de courte durée.

« Les rapports sur les bénéfices jusqu’à présent pour le deuxième trimestre ont entraîné d’importants ajustements à la baisse des prévisions de bénéfices pour le NASDAQ, notamment une réduction de 5,5 % de l’estimation de 2022 et une réduction de 6,5 % de la prévision de 2023. Cela se traduira par la suppression de milliards de dollars des bénéfices des entreprises technologiques américaines »,  said Andrew Lapthorne, quantitative strategist at Societe Generale.

Martin Roberge, de Canaccord Genuity, s’attend à ce que les prévisions de bénéfices reculent tout au long de l’automne. « Les revenus (qui ont fortement bénéficié de l’effet d’enflure qu’a l’inflation sur les revenus des entreprises) deviendront moins vigoureux. N’oublions pas que le ralentissement de l’économie s’est réellement amorcé en juillet ».

Bref, le rallye estival s’est estompé suivant les propos de la Fed du 26 août dernier. La banque centrale a annoncé vouloir en finir avec l’inflation et prévoit d’autres hausses d’intérêt ayant pour conséquences une chute des trois principaux indices américains.  

« Le rétablissement de la stabilité des prix nécessitera probablement le maintien d’une politique restrictive pendant un certain temps », a déclaré Powell dans un discours prononcé lors de la réunion annuelle de la Fed à Jackson Hole, Wyoming. « Alors que des taux d’intérêt plus élevés devraient créer, une croissance plus lente et des conditions du marché du travail devraient s’assouplir, mais causeront certainement de la douleur aux ménages et aux entreprises. »

La hausse des taux d’intérêt demeure une stratégie effective pour ralentir l’économie lorsque l’inflation est à son sommet, alors qu’il devient plus difficile pour les entreprises et les particuliers d’emprunter de l’argent (easy money). Les investisseurs ont compris qu’il n’y aurait aucun assouplissement de la politique monétaire de la Fed à court terme.

« Il a été plus explicite qu’il ne l’avait jamais été pour affirmer clairement que les taux d’intérêt vont continuer de demeurer élevés pour une période plus prolongée afin de combattre l’inflation », a commenté le vice-président d’AGF Investments, Mike Archibald. « Ça a mis de la pression sur diverses branches des marchés de capitaux, et certainement sur les actions aujourd’hui », a-t-il ajouté.

La Fed est devenue le principal moteur des marchés. Par exemple, lorsqu’elle devient autoritaire, le marché peut baisser pendant plusieurs jours consécutifs (lors du plus bas de juin, la S&P était en baisse 5 jours sur 6, soit une perte d’environ 12 %). Acheter simplement parce que le marché est survendu ne fonctionne pas nécessairement dans ce contexte.

Tant et aussi longtemps que l’inflation perdure, et aucune autre méthode alternative pour combattre l’inflation autre que la montée des taux d’intérêt, les marchés resteront très volatils autant à la baisse qu’à la hausse. La nervosité est relativement élevée et réagit fortement à tous types de nouvelles géopolitiques et économiques. Actuellement, les bonnes nouvelles économiques ont tendance à faire l’effet contraire et font réagir les marchés à la baisse, car les investisseurs estiment que cela donne plus de latitude à la réserve fédérale pour les montées de taux d’intérêt futures.

L’été est terminé

À quoi pouvons-nous nous attendre pour le mois de septembre ? Les tendances saisonnières démontrent que ce mois est souvent plus difficile surtout lorsque les indices sont en baisse depuis le début d’août, ont déclaré les analystes de Bespoke Investment Group, citant les performances du S&P 500 remontant jusqu’à 1928.

Malgré le rebond de juillet et du début août, le S&P 500 a reculé au cours des deux dernières semaines. Le mois d’août avait bien débuté, mais le dernier discours de la Fed a créé un climat d’incertitude sur les marchés. Ainsi, le S&P 500 a enregistré une baisse de 4,2 % pour le mois, le Dow de 4,1 % et le NASDAQ a accumulé des pertes de 4,6 % en août.

La rentrée boursière sera intéressante à plusieurs niveaux alors que l’économie poursuit son ralentissement toujours sous l’effet d’un resserrement monétaire et budgétaire des banques centrales.

Selon le Stock Trader’s Almanac, septembre est généralement un mois de baisse pour le marché boursier, car les gestionnaires de fonds ont tendance à vendre des positions qui sous-performent à l’approche de la fin du troisième trimestre.

La bonne nouvelle ? Plusieurs estiment que le pire de ce marché baissier est derrière nous. Le rebond enregistré à la mi-août indique que le S&P 500 avait récupéré plus de la moitié de sa chute de 24 %, du plus haut du marché haussier de janvier à son plus bas de juin. Selon la société de recherche CFRA, dans les 13 marchés baissiers qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, le S&P 500 n’a jamais atteint un nouveau creux après un rebond de cette ampleur, une situation connue sous le nom de retracement de 50 %.

Si on se fie à l’histoire, un indicateur technique plutôt important a été atteint plus tôt en août, lorsque le S&P 500 a récupéré 50 % de sa baisse de prix sur le marché baissier. Depuis la Seconde Guerre mondiale, l’indice n’a pas atteint un nouveau creux après une telle décision, selon Sam Stovall, stratège en chef des investissements chez CFRA Research. De plus, le nombre d’actions du S&P 500 au-dessus de leur moyenne mobile sur 50 jours a récemment atteint 90 %.

Pour l’instant, il est difficile d’évaluer si nous sommes finalement sortis du marché baissier (bear market) alors que les opinions divergent sur la façon de repérer un marché baissier expirant ou le début d’un nouveau marché haussier. Pour de nombreux analystes, un marché haussier se définit comme une hausse de 20 % par rapport à un creux précédent. Alors que pour d’autres, on ne peut être sûrs d’un nouveau marché haussier qu’une fois qu’un niveau record a été atteint.

La tendance saisonnière du mois de septembre n’est pas favorable, cependant le quatrième trimestre débutant en octobre a tendance à être le meilleur quart de l’année. Des résultats trimestriels plus forts qu’anticipés ainsi que quelques surprises pourraient facilement forcer plusieurs investisseurs à venir couvrir leur position à découvert et ainsi forcer le début d’un nouveau marché haussier.

En conclusion, nous demeurons tributaires des prochaines décisions de la Fed qui seront reliées aux prochaines données économiques (CPI, inflation). Nous sommes d’avis qu’une récession est probablement encore évitable et qu’un « soft landing » est toujours possible.

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