Collaboration spéciale – Comment composer avec un portefeuille d’actions en période difficile

Daniel Clément, CFA, Pl. Fin.

Gestionnaire de portefeuille et planificateur financier

Pratte Gestion de portefeuilles

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Vous conviendrez avec moi que les 10 premiers mois de l’année en bourse furent extrêmement difficiles. Nous pouvons même ajouter que nos défis ont commencé un peu plus tôt, soit vers la mi-novembre de 2021. Effectivement, à l’instar du Nasdaq, le Fonds Pratte d’actions nord-américaines qui détenait une position somme toute assez forte dans le secteur technologique vers la fin de 2021 a vu sa descente s’entamer un peu plus tôt que le marché en général. Or, plus les moments difficiles s’éternisent, plus en général les gens ont tendance à devenir émotifs. C’est comprenable, mais est-ce le bon comportement à adopter pour un investisseur ?

Plusieurs raisons expliquent notre début d’année négatif en bourse, que ce soit évidemment l’inflation, la gestion de la politique monétaire par les banques centrales en passant par la guerre en Ukraine et la politique de tolérance zéro en Chine en matière de pandémie. C’est important pour nous en tant que firme, et pour vous en tant qu’investisseur de les cibler et de les comprendre, afin de faire les apprentissages nécessaires de la période dans laquelle on vit. Une fois les apprentissages acquis, il ne sert toutefois à rien de s’acharner sur le négatif, il est important de laisser le passé dans le passé. La bourse, c’est un peu le présent, c’est beaucoup le futur, mais ce n’est certainement pas le passé. On utilise le passé pour tenter de prévoir le futur, tout simplement.

J’ai la chance de rencontrer des gens quotidiennement dans le cadre de mon travail. Cela me permet d’évaluer directement sur le terrain, le degré d’optimisme et de confiance des gens envers l’économie, et envers les marchés financiers. Je dois avouer que depuis 2 ou 3 mois, le sentiment semble s’être détérioré. Avec raison, les gens déplorent le haut niveau d’incertitude géopolitique dans le monde actuellement. Puis, je le dis, honnêtement, je partage les mêmes appréhensions. Ça va mal dans le monde en ce moment. J’aime nuancer toutefois qu’aussi loin que je me souvienne, ce n’est pas d’hier que ça va mal. Je ne pense pas qu’on ait eu énormément de répit depuis la Deuxième Guerre mondiale. Ainsi, les marchés ont appris à composer avec les tensions géopolitiques à travers le temps et l’investisseur se doit d’en faire de même.

Aujourd’hui, je veux mettre l’accent sur ce qu’est, à mon avis, le bon comportement à adopter pour un investisseur. Tout passe par le fait de demeurer, en tout temps, rationnel, neutre et objectif. En temps normal, les rencontres avec les clients consistent à évaluer leur tolérance au risque, établir leurs objectifs À LONG TERME et formuler les stratégies d’investissement pour les atteindre. En temps difficile comme nous le vivons en ce moment, c’est simple, on doit revenir sur ce plan de match à long terme et ne pas y déroger (plus facile à dire qu’à faire, j’en conviens). Je persiste et signe, à moins d’avoir besoin d’effectuer un retrait d’une valeur importante à très court terme, il faut maintenir ses positions en période difficile.  

Essayer de « timer » les marchés, soit sortir quand ça va mal pour essayer de revenir avant que ça reparte n’est pas une solution viable à long terme. Presque à tout coup, les gens ont tendance à racheter plus cher qu’ils ont vendus, laissant alors de l’argent sur la table. Le contraire n’est qu’attribuable à la chance, personne n’est réellement en mesure de prévoir le très court terme, pas même les professionnels. Ainsi, mieux vaut rester investi en tout temps, vivre avec les fluctuations du marché, cesser de les regarder pendant quelques mois si l’on trouve cela trop difficile émotionnellement, plutôt que de se soulager temporairement en sécurisant l’ensemble de son portefeuille et en payer les conséquences à long terme.

Évidemment, chaque cas est unique. Chaque personne réagit différemment et ce qui est bon pour un n’est pas toujours bon pour l’autre. L’important, c’est de toujours trouver la bonne chaussure à son pied. L’important, c’est de bien dormir. L’important, c’est d’être confortable avec ses investissements. Bien que cet exercice devrait être fait plus sérieusement dans les périodes de marchés haussiers, c’est souvent dans les périodes difficiles (quand les baisses hypothétiques du portefeuille se répercutent dans la pratique et non plus seulement dans la théorie) qu’on constate si notre tolérance au risque est aussi solide qu’on l’avait évalué sur papier. Si ce n’est pas le cas, il faudra éventuellement penser à effectuer certaines modifications à son portefeuille. Idéalement, on préfère ne pas concrétiser les pertes dans les moments difficiles (si l’investissement demeure à long terme) et attendre une reprise avant de procéder. Mais tel que mentionné précédemment, chaque cas est unique et on doit s’ajuster à chacun, d’où l’importance des révisions annuelles avec nos clients.

Finalement, si vous lisez au travers des lignes, vous comprendrez que j’anticipe une reprise. Vous n’avez pas tort, il y aura sans le moindre doute une reprise, une forte reprise selon moi, dans le sens que non seulement, nous reprendrons l’ensemble des pertes, mais nous aurons une croissance importante une fois le dernier sommet réatteint. La question, en ce qui me concerne, demeure à savoir quand nous aurons cette reprise. Franchement, c’est très difficile de le prévoir. Fermons nos yeux quelque temps, laissons la tempête passer, car je ne crois pas qu’elle soit encore complètement terminée et espérons le retour du beau temps, plus tôt que tard.

Je termine en vous partageant deux articles publiés la fin de semaine dernière sur Les Affaires, qui viennent appuyer mes propos. Je crois ne pas me tromper en disant que ce que j’avance dans ce texte, ça représente un consensus dans le milieu financier, mais c’est toujours intéressant de pouvoir le valider avec d’autres professionnels reconnus du milieu. Sur ce, en espérant que vous ayez apprécié la lecture et au plaisir de vous voir bientôt !

Pourquoi un investisseur à long terme doit-il rester pleinement investi en tout temps

https://www.lesaffaires.com/blogues/philippe-leblanc/pourquoi-un-investisseur-a-long-terme-doit-il-rester-pleinement-investi-en-tout-temps/637200

Conserver ses placements durant les périodes de turbulences

https://www.lesaffaires.com/blogues/denis-lalonde/conserver-ses-placements-durant-les-periodes-de-turbulences/637097

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