La volatilité se poursuit

Marchés en bref

La semaine a commencé avec une séance volatile alors que les indices se sont promenés du vert au rouge tout au long de la journée. Le Dow a réussi à se relever terminant en légère hausse de 0,26 %, le NASDAQ gagnait 1,63 % tandis que le S&P 500 avançait de 0,57 %. Le rebond du secteur de la technologie a permis aux indices de se maintenir en territoire positif alors que Facebook (+5,3 %), Netflix (+4,8 %), Microsoft (+2 %) et Alphabet (+2 %) ont tous enregistré de solides gains.

« Le sentiment est négatif, mais nous n’avons toujours pas vu de chute intense. Nous avions presque besoin de voir au moins une cassure de ces creux pour observer plus de craintes sur le marché, plus de niveaux d’arrêt déclenchés », a déclaré Keith Lerner, co-CIO chez Truist Advisory Services. « D’une certaine manière, même si la majorité des investisseurs espèrent maintenir ce support, à mon avis, vous avez presque besoin d’être témoin de ce recul pour obtenir un fond plus durable. » Avril a été le pire mois pour le Dow et le S&P 500 depuis mars 2020 alors que pour le NASDAQ ce fut le pire mois depuis 2008.

Les investisseurs étaient inquiets, en attente de la décision de la Fed et du dépôt des résultats trimestriels de plusieurs entreprises. Les craintes face à un possible ralentissement économique, la persistance d’une inflation élevée et une Fed de plus en plus agressive continuent de créer un sentiment d’insécurité sur les marchés. Les stratèges de JPMorgan Chase & Co., dirigés par Marko Kolanovi, estiment que le recul des indices a tellement été profond qu’un rebond pourrait ne pas être loin.

« Nous étions habitués à un monde aux taux d’intérêt très bas, mais nous sommes face à un nouveau paradigme de l’inflation et il faut nous réhabituer à ce à quoi ressemble un monde avec des taux plus élevés », a indiqué Mazen Issa de TD Securities. Selon lui, le marché des actions « vit aussi un cycle de transition avec la perspective de taux plus élevés ». « Fini l’argent gratuit ! Cela change beaucoup de choses, provoque des distorsions », résumait-il.

Les indices ont clôturé la séance de mardi juste au-dessus de l’équilibre ; le Dow a enregistré une légère hausse de 0,20 %, le NASDAQ avançait de 0,22 % et le S&P 500 gagnait 0,48 %. « Le marché reste très agité, l’indice VIX est toujours autour de 30 points, il y aura d’autres gros mouvements », a ajouté l’analyste, évoquant l’indice VIX dit « l’indice de la peur » qui témoigne de la volatilité du marché.

« Il y a une réelle incertitude et les gens ont des opinions différentes sur ce que le marché va faire après que la Fed aura relevé ses taux et annoncé un resserrement quantitatif », a expliqué Karl Haeling.

« Certains disent que le marché va connaître une reprise de soulagement et d’autres disent que les hausses de taux vont vraiment être dures et que le marché va se vendre. C’est un vaste mélange de points de vue et d’incertitudes », a-t-il conclu.

Ces mouvements à la hausse surviennent alors que les marchés attendent avec impatience l’issue de la réunion de la Fed. « Pour la première fois depuis plusieurs jours, les vendeurs semblent épuisés alors que les investisseurs à court terme sont un peu plus nerveux que ceux à long terme (il n’y a pas beaucoup de gens qui pensent que nous avons atteint le creux, mais même les vendeurs à découvert s’inquiètent d’un fort rebond) », Adam Crisafulli de Vital Knowledge a déclaré dans une note aux clients.

La saison des résultats s’est poursuivie mardi, alors que 80 % des entreprises qui composent l’indice du S&P 500 ont dévoilé des résultats meilleurs que prévu. Par exemple, Pfizer (+2,01 %) a annoncé mardi avoir enregistré un chiffre d’affaires de 25,7 milliards de dollars, une hausse de 77 % sur un an.

Airbnb a déposé des résultats meilleurs qu’anticipé, dévoilant plus de 102 millions de nuitées et activités (aussi appelées « expériences ») réservées lors du dernier trimestre, ses meilleurs chiffres jusqu’ici. Ces résultats « reflètent le retour du tourisme, avec Airbnb qui gagne des parts de marché, soutenu par l’efficacité de son modèle de plateforme », ont réagi, dans une note, les analystes de Baird. Son titre prenait 5 % lors des échanges après la fermeture des marchés.

En revanche, Expedia, qui fait partie du NASDAQ, chutait de 14,02 % après avoir dévoilé des pertes de 122 millions de dollars et ce, malgré avoir doublé son chiffre d’affaires lors du dernier trimestre.

Les trois principaux indices ont clôturé la séance de mercredi en forte hausse alors que les investisseurs ont bien réagi à l’annonce d’une hausse des taux annoncée par la Banque centrale américaine (Fed). Le Dow a bondi de 932,27 points, ou 2,81 %, pour clôturer à 34 061,06. Le S&P 500 avançait de 2,99 % à 4 300,17 points tandis que le NASDAQ gagnait 3,19 % à 12 964,86 points.

« C’est la fête à Wall Street, les rendements obligataires reculent. Finalement, la Fed n’a pas été aussi agressive qu’anticipée », a commenté Joe Manimbo, de Western Union. « Cela se révèle dans le fait que la Fed semble exclure un relèvement de 0,75 point de pourcentage » à l’avenir, a noté l’analyste. Les marchés étaient prêts pour la hausse de la Fed, c’est pourquoi les trois indices ont accumulé des gains à la suite de l’annonce.

Les investisseurs ont démontré de l’enthousiaste face à la confiance de la Fed dans l’économie américaine. Les actions qui sont souvent considérées comme des indicateurs économiques ont tous enregistré des gains : Home Depot (+3,4 %) et Caterpillar (+4,2 %), Citigroup (+4,3 %) et JPMorgan Chase (+3,3 %). Le scénario a été semblable pour les actions du secteur de la technologie alors qu’Apple et Alphabet gagnaient plus de 4 % chacun. Les trente actions composant le Dow ont augmenté et les onze secteurs du S&P ont terminé dans le vert, bref ce fut une bonne séance pour les marchés.

Au lendemain de la meilleure séance depuis mars 2020, les indices ont enregistré jeudi leur pire journée depuis ce même mois effaçant complètement leurs gains enregistrés mercredi. Le Dow chutait de 1 063 points, soit 3,12 %, pour clôturer à 32 997,97. Le NASDAQ perdait 4,99 % pour terminer à 12 317,69 points tandis que le S&P 500 a chuté de 3,56 % à 4 146,87 points, marquant sa deuxième pire journée de l’année.

« Si vous montez de 3 % et que vous abandonnez un demi-pour cent le lendemain, c’est assez normal. Mais avoir le genre de journée que nous avons eue hier et la voir s’inverser à 100 % en une demi-journée est tout simplement extraordinaire », a déclaré Randy Frederick, directeur général au Schwab Center for Financial Research.

La descente se poursuivait vendredi à l’ouverture des marchés ; le Dow et le S&P 500 perdaient 0,6 %, tandis que le Nasdaq Composite reculait de 0,7 %.

Pétrole

Après avoir terminé en légère hausse lundi, l’or noir reculait d’environ 2 % le lendemain. Le marché demeure volatil évoluant au rythme des nouvelles qui sont de plus en plus nombreuses.

« Avec la remontée des taux d’intérêt, l’inflation, les problèmes d’approvisionnement, il y a davantage d’inquiétudes qu’au-delà de la Chine, la croissance économique ne soit plus faible que ce qui était anticipé il y a encore quelques semaines », explique Michael Lynch, président du cabinet Strategic Energy & Economic Research (SEER).

En effet, en début de semaine, l’annonce d’un embargo européen sur le pétrole russe a mis de la pression sur les investisseurs. Dans son effort pour diminuer son financement à la Russie, l’UE doit être prudente face à cette décision étant donné que la Russie exporte deux tiers de son pétrole au pays membre de l’UE.

« Il s’agira d’un embargo total sur l’ensemble du pétrole russe, livré par voie maritime ou via des oléoducs, brut ou raffiné », a expliqué Mme Von der Leyen présidente de la Commission européenne. « Ça ne sera pas facile, car certains États membres sont fortement dépendants du pétrole russe. Mais nous nous devons de le faire. Poutine doit payer le prix, et le prix fort, pour son agression brutale. »

L’Allemagne, qui tente depuis plusieurs mois de réduire sa dépendance au pétrole russe, a annoncé cette semaine une baisse de ses importations de 35 à 12 % lors des dernières semaines.

Retour à la hausse mercredi pour le pétrole, le baril de Brent de la mer du Nord, avec échéance en juillet, avançait de 4,92 % pour finir à 110,14 dollars tandis que le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison en juin, prenait 5,27 %, à 107,81 dollars. L’annonce d’un possible embargo a mis de la pression sur l’offre alors que les stocks sont déjà à la baisse.

« Dans la mesure où l’unanimité est requise (pour adopter le projet), il est probable que cela aboutisse à une version très édulcorée, compte tenu de la position actuelle de la Hongrie », a estimé, dans une note, Bjornar Tonhaugen, analyste du cabinet Rystad Energy.

Les membres de l’OPEP et ses alliés ont annoncé jeudi qu’ils allaient augmenter la production de pétrole de 432 000 barils par jour pour le mois prochain, et ce, malgré une possible baisse de la demande de la Chine qui est toujours aux prises avec une résurgence des cas de COVID.

Fed

La Fed a annoncé mercredi une hausse de ses taux directeurs d’un demi-pour cent, sa hausse la plus importante depuis 2000, annonçant la possibilité d’une autre augmentation lors des deux prochaines réunions soit les 14-15 juin et les 26 et 27 juillet.

La guerre en Ukraine ainsi que le confinement en Chine ont déstabilisé les économies mondiales, augmentant ainsi la pression sur l’inflation. La Banque centrale a également annoncé qu’elle allait réduire son bilan au rythme de 47,5 milliards de dollars par mois à partir du 1er juin et à hauteur de 90 milliards après trois mois, lui permettant ainsi d’augmenter le coût du crédit pour tempérer la demande et les hausses de prix.

« L’inflation est beaucoup trop élevée et nous comprenons les difficultés qu’elle cause. Nous agissons rapidement pour la faire reculer », a déclaré le président de la Fed, Jerome Powell, lors d’une conférence de presse qu’il a ouverte par une adresse directe inhabituelle au « peuple américain ». Il a noté le fardeau de l’inflation sur les personnes à faible revenu, déclarant : « nous sommes fermement déterminés à rétablir la stabilité des prix ».

Monsieur Powell estime que des hausses de 50 points de base « devraient être sur la table lors des deux prochaines réunions », mais il a semblé écarter la probabilité que la Fed devienne plus agressive. « Soixante-quinze points de base ne sont pas quelque chose que le comité envisage activement. L’économie américaine est très forte et bien placée pour gérer une politique monétaire plus stricte », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il estimait que l’économie américaine était assez solide pour encaisser la hausse des taux d’intérêt.

Le président croit ainsi que les prochaines hausses ne devraient pas précipiter le pays vers une récession ou une hausse du taux de chômage. Le pari de Powell est qu’en limitant la demande, combinée avec des taux d’intérêt plus élevés, la Fed sera en mesure de stabiliser la hausse des prix.

De nombreux analystes croient toutefois que les interventions des banques centrales, surtout la Fed, ont été trop lentes à réagir à l’augmentation de l’inflation.

« Nous avons maintenant le pire des deux mondes ; pas seulement l’inflation d’un côté ou la stagnation de l’autre, mais les deux ensemble », a déclaré Macleod à la Chambre des communes britannique, où il était porte-parole en matière de finances. « Nous avons une sorte de situation de “stagflation”. Et l’histoire, en termes modernes, est en effet en train de se faire. »

En effet, lorsque la stagflation a balayé les États-Unis et le Canada dans les années 1970, plusieurs ont blâmé l’augmentation soudaine des prix du pétrole par l’OPEP, poussant une inflation déjà élevée encore plus haute, déstabilisant ainsi l’économie. Les économistes ont toujours affirmé que ceci ne se reproduirait plus alors que les pays sont désormais mieux préparés à ces chocs soudains. Cette fois-ci, ce ne sont pas seulement les prix du pétrole qui sont au centre du problème, mais le prix des commodités de base. La pandémie, les confinements, la guerre en Ukraine… les facteurs de risques sont nombreux. « Ce fut une série de chocs inflationnistes qui sont vraiment différents de tout ce que les gens ont vu en 40 ans », a déclaré Powell. « Et ça va évidemment être très difficile. »

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